dans les temps très anciens
qui font trembler ma mémoire
éclairs éperdus et ravis
je l’aperçois sur le pont
de la rivière mortelle
elle rit tenant sa robe contre la brise
manège d’avril
tourbillon de mystères
je fais semblant de ne rien voir
ma nuque bascule vers les nuages
j’évoque la pluie à venir
tant mieux dit-elle
ma veste n’y suffira pas
vite sous le pont
l’averse malice jubile
sur ses joues miroirs de larmes
je lui essuie les yeux
manches plissées
elle éclate d’un rire
que j’interromps des lèvres
la voûte du pont
se fait chambre d’échos
des baisers vite scellés
par la rivière qui inventa
ces étreintes entre deux vies
jeunesse inépuisable du flot