Le curieux du printemps, c’est le constat déconcertant que les préliminaires n’arrivent pas – comme la vérité – sur des pattes de colombe. Ce février, les moineaux, dans leur bure noisette, ont ramené l’azur du bout du bec, décrochant les baisers à venir, caresses de brise au creux du bois. Agacés, inquiets, ils avaient traversé neiges, pluies et bises, repliés sur leur propre fièvre emplumée. Il faut dire que les mésanges, arcs-en-ciel des passereaux, leur avaient damé le pion et qu’elles avaient ri, tête en bas, des averses de janvier. Et voici que certaine tiédeur consolide les appuis bourgeonnant des moineaux. Sérieux, ils aspirent le rouge des rameaux, ce peu de chaleur, de leurs pattes serrées sur le brin, et vont semant l’amour parmi les jardins. A chaque pas, à chaque patte, sa pâquerette. C’est autre chose que l’appel affairé des pimpantes mésanges. Eux font place nette en grattant les fleurs et les fruits de l’hiver. Discrets, ils ont toujours été là, devisant, sautillant, plein de cette agitation qui mime toute la nature à la fois. Ils ont murmuré entre eux, dès le début d’hiver, l’inclinaison lente de l’axe de la terre dans l’autre sens, dans le bon sens, dans celui qui suscite le printemps. Je sais gré à ces ombres mignonnes de leurs alertes pépiées tout au long de l’an. Rien ne vaut leur chant monotone de noël à novembre, les moineaux sont de vrais compagnons.