il se souviendra du nid
d’osier croisé
de paille tressée
fragilité des corps pressés
nus
berceau pour l’oiseau
vite il s’habille de duvet
des jours de piaillements
des nuits de rêves
tendus vers le bec
comment boire
la pluie peut-être
ou la rosée de l’aube
puis un jour ils se désincarcèrent
l’un tombe pour les autres
il meurt à deux pas
au milieu des coquilles
mai les voit tous se brouiller
les aurores les envoient
se remplumer ailleurs
ils sont toujours pressés
au bord du nid de bois
les griffes mordent
puis l’envol non voulu
folie d’écouter son corps
souvent les ailes disent oui
trop d’air soudain libre
l’oiseau s’enivre au vent
où aller sans retour
acrobaties puis la pose
courbes graves
il becquette au hasard
respire sur une brindille
rien n’arrivera plus
manger puis pondre
un nouveau nid
à bricoler comme
la vie sur l’instant
une vie abandonnée
au vent pur
Précarité et force de l’oiseau nu au vol inventif frôlent le poème. Il n’est sans doute pas anodin que l’écriture se trouve sous plume. Quelle merveille ce poème. Merci à toi Raymond d’y être si sensible.
Il n’a rien de spectaculaire, ce récit de la vie de l’oiseau. L’idée était de conter sa vie au regard de la nôtre. Et puis je crois que l’oiseau m’a échappé, il a pris son autonomie; comme dans tous mes poèmes, cette mésaventure se produit: je voudrais que cela dure longtemps, que le poème ne cesse jamais de se développer et puis tu vois, ici comme ailleurs, cela prend fin. Il faut arrêter, je dois m’arrêter veux-je dire(trente vers guère davantage), je ne sais pas pourquoi. Et c’est la raison pour laquelle je rerêve d’un poème à venir, qui lui durerait encore, longtemps, longtemps, mais non, je ne me fais pas d’illusion, ce sera encore autre chose un autre jour et cela s’arrêtera avec environ le même nombre de vers; on dirait un truc organique. Merci, Eric, d’en approuver le mouvement ! C’est une manière de combat fragile.