j’ai un vallon en tête
il berce un lac
où les voiles procèdent
en hésitant longuement
tiédeur de notre France
les cygnes s’élèvent
semblent marcher sur l’eau
retombent en silence
se croisent apaisés
mes yeux visent le ciel
et la terre là-bas
goutte dans l’eau
on dirait de l’ombre
qui roule et s’avance
ça menace
des voix de feu s’exaltent
le lac soudain agité
vaste peur de jadis
c’était l’Ailette aux morts
pluie de fer ça gémit
au pied du mont souvenir
enfants persécutés
je vous entends courir
sur le chemin
le lac porte vos pas
vers le ciel grand ouvert
cent ans c’est peu
et vous êtes si nombreux
à rêver sous les eaux
loin très loin de nous