l’avancée

vers l’aube
pénétrant dans le vallon
après avoir franchi les langes de brume
je longeai le ruisseau fou
où deux truites allaient dans le sens du courant
je rêvai de les saisir
mais les collines doubles
m’obligèrent à avancer encore
j’avais soif
fixant alors le soleil qui me souriait
je me surpris à mouiller mes lèvres
du bout de la langue

je procédai prudent
le cœur me battait vif –
le feu diffusé des montagnes lointaines
m’emplit le corps entier
la salive me revint
me prit l’envie d’entrer dans l’eau
midi avait doublé le cap
le soleil sembla émettre un cri tendu
l’eau rafraîchit mes joues
pluie grave
les truites étaient loin
l’après-midi avait fui avec elles
le courant m’emporta turbulent
je crus me noyer avec la chute du jour

et la nuit en ferveur
accueillit un très lent plaisir