quand je suis à Londres, il est de tradition d’aller avec mon fils dans les jardins de kewgarden, sans doute un des lieux les plus grands et les plus variés du monde
c’est un vaste rendez-vous
branches et troncs entrelacés
qui s’aident et se soutiennent
paradis arrangé par notre fine raison terrestre
j’apprécie les litanies latines des plantes
qui se succèdent comme les lianes
d’une longue bible naturelle
écrivant un catéchisme profane
pour les fils de Linné
que nous sommes demeurés
j’ose à peine poser mes pas
sur le vert tissu royal gazonné
où les canes vont se balançant
sans vergogne puis parfois s’envolent
fausse peur douce des ailes
qui d’un souffle mesurent notre espace
et s’en vont comme nous là-bas loin
dans ce jardin illimité
immense présence du paradis terrestre
que seuls les oiseaux savent dominer
d’un battement d’ailes détendu
si le soleil s’en mêle
les amoureux s’attardent devisant peu
pas de pomme à cueillir
mais je surprends leurs doigts qui s’entrecroisent
tandis que des flâneurs glanent
et glissent des graines dans leurs poches
avec l’espérance de transférer
ce vaste éden
un peu dans le petit arpent de chez eux
par la grâce complexe
des reproductions botaniques
qui accroissent pour soi l’éternel printemps
-ce sera l’an prochain-
et font le vrai mystère des jardins