le palais initial de l’enfance
se détruit lentement
au fil du temps
seule parfois une cloche
s’attarde nerveuse mais fidèle
elle crie
ma mémoire se fait un peu folle
et mes pas obéissent au charme
laiteux des ciels de là-bas
je m’émeus petit et seul
dans ce vénéneux printemps glacé
j’entrevois une église riante
il s’y entend des orgues orageuses
et des violes improbables qui raclent
leurs basses brillantes reprenant
les chants d’autrefois qu’on clamait
à pleine voix pour ressusciter
les vieux morts à partir de nos gorges pitié
ils revenaient en latin vivants sur nos cordes vocales
j’y croyais de tout coeur
mon dieu quand j’y pense
la poussière des vitraux aurait dû me dessiller
ma foi avait ses échos
contre les voûtes tremblantes
l’immense cloche de l’église
dont j’étais le battant
se faisait monde entier à sauver
j’ai encore l’ardeur dans la voix
et je m’étonne que le monde
n’aie malgré mes appels à la paix
pas changé d’un iota*
*iota est la lettre grecque pour “i”, ce qui explique le nombre conséquent de “i” dans le corps du poème.