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flot
laissant la barque d’épidémie
à l’attache derrière moi
où de sa pointe elle désigne l’aval
de sa féroce insistance coutumière
je m’engage sur la berge vers l’amont
mes pas sont si prudents que les semelles
semblent-ils craquent et gémissent un peu
je furète de mes yeux éperdus
j’entends des cris
il s’est passé quelque chose
les éclats des eaux mille feuilles de lumière
crépitent sur le lit tortueux
antique silencieux
rien ne résiste au courant chante le flot
mon pas dit le contraire songé-je
et je rêve cet avril poison
je veux revoir tranquille
la série éphémère des cytises et des lilas
le présent me console tant et l’autrefois un peu
la rivière peut bien emboucher le deuil final
mes pas eux papillons incontrôlés
remontent et se posent
en ce silence mérité
page blanche très présente
sur laquelle je demeure sans souci
souriant d’activités
candide je choisis l’aube
je n’oublie pas la barque du couchant
mais elle ignore que les naïfs sont braves
et que les poèmes s’écrivent contre elle
en dépit des poisons