Le dit de la bête
quand il parvint au plateau
il songea un moment aux épreuves traversées
traînée de poudre des annonces publiques
puis prison
les corps jonchèrent sa mémoire
il entendit les étouffements à mille lieues
on ne chantait plus
la mort sous le masque blanc
de rares Augustes rôda aux rues
ils ne faisaient rire personne
les hospitaliers s’épuisèrent à éponger le mal
– les vrai héros songea-t-il sont comme vous et moi-
il avança lentement sur le haut de la colline
terrain miné la bête guettait
lui qui jadis accueillait les visages en naïf
voilà qu’il devint soupçonneux
se regardant au miroir il songeait
j’ai changé
la bête se moque de moi
il oublia de se raser
on verrait moins ses rides naissantes
et le souci de vivre et l’angoisse à la gorge
qui fait le teint sévère
dépouille l’innocence
et rend bête comme la bête
après bien des errements le silence du sud-ouest
fit résonner ses pas
le soleil abandonna ses ocres longs
pour le généreux rouge des coquelicots
il inspira le vent redevenu salubre
poussa enfin cette chansonnette
qui fait la joie des miséreux
et rassure les craintifs