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couleurs du temps
au fond des torpeurs
l’image de mon corps toute petite
se recroqueville encore
j’appelle dans le silence du salon
la joie qui fut
avant la prison
perdre pied et encore perdre pied
les engourdissements rouges
et la peine bleue
je me souviens des prés anciens balayés du noroît
je vaquais à collecter les couleurs
dans ma mémoire
je savais qu’un jour j’en aurais besoin
ces piquetis me manquent ce jour
pâquerettes qu’on ne voit plus
où sont les dents de lion
le printemps est pourtant là
les cris se bousculent aux tympans
quand personne ne parle
et qu’au loin le désert s’accroît
il va falloir se lancer
inventer coquelicots et bleuets nouveaux
pour peupler tout ce temps
jusqu’au futur chamboulé
où ça chantera sur tous les tons