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lunaison
la gorge me noue
c’est à peine parfois si je peux dire
les fleurs et le petit moi
tandis que s’en vient l’avril amer
avec son cortège de toux
inspiration tarie dedans l’air confiné
il y a un an ou un demi siècle
je ne pensais pas à respirer
j’allais bon an mal an par les vallons
humant violettes et peaux douces
insoucieux des poumons et des saisons
la terre pouvait bien s’incliner
ah là là et les étoiles graviter
autour de Polaris
ma voix allait galante
autour des choses des êtres
même les animaux dansaient cette grâce
mais vois
tout est détraqué
grise mine des prairies et des eaux
je n’ouvre plus sur le monde
qui n’est désormais qu’en mémoire
pauvre terre asphyxiée
amis attendons
un petit lambeau de patience suffira
j’entends déjà une autre lunaison
qui gratte à l’orient au bord de l’horizon
microsillon inusable
ça chanta souviens t’en
ça reprendra après
- cordes vocales dénouées –
la valse des corps délivrés