évasion
j’entends encore la sève
glissant sous l’écorce des hêtres
aux printemps précédents
chanterelle des brindilles
basse continue des racines
et les arbres jouant des harmonies
tandis qu’aux cimes les percussions dansaient
il est étrange que la forêt me soit interdite
l’essentiel me manque
au jardin de chez nous bien sûr je joue à la nature
mais c’est un paradis mimé
ma main fait bouffer les cheveux du saule bleu
je salue certes avec révérence et respect
cet ambassadeur gracieux des halliers et des berges
qui s’éjouit sur mon gazon du jour
quelque chose pourtant fait défaut
peut-être la terre et sa pelure
les cours d’eau les collines
le vent dans les branches éperdues
l’ombre des forêts qui frissonnent
j’erre en esprit aspirant au souffle éternel des marées
de l’ouest rugissant
l’immensité des eaux des bois
tout fait défaut à mon rêve d’évasion
dans mon jardin petit je lis ma destinée trop courte
on m’interdit d’imaginer au-delà de ma haie
où est passé l’autre monde aux figures vastes
ces vagues qui respirent toute terre bue
sans virus
et qui se ruent pour féconder la terre
sans nous
au bord du même estran où nous naquîmes