feu 

l’hiver avait étreint nos terres de ses draps blancs

il avait bien fallu dormir quand même là-haut

histoire de rêver un peu 

c’était un froid inconfortable mais pas mortel 

et puis là 

vois la peau se rembrunir

aux éclats du bleu effarant 

l’été revient sur ses griffes de feu 

sans prévenir 

le navire étriqué des jours flambés 

va on ne sait où réchauffer les nids

profitons des eaux des vagues et du ressac 

la mer se meut pour notre danse privée 

les gouttes se font averse craquante 

soulagement glissé jamais déplacé 

je nage mais je me vois au plus bas des terres 

sur cette ombre massive grosse des lois

de la lune et de la chute gravité

puis soudain debout 

je me penche

pour retrouver les fleurs oubliées

pivoines roses un jour pas si lointain

ma paume en cherche les restes jolis

joues d’enfants serrées de joie

à l’affût serein du printemps à venir

après l’hiver

après les délices généreuses des sables tendres de l’été

qui félicitent les pas

d’épouser si bien les grains de l’astre terre