Demeure 3 et 4 (suite du départ)

Demeure 3

avec les améliorations inévitables

 la petite entreprise à vivre

 se fait château 

miroir casseroles couverts superflus 

il en vient à préférer la grange 

sa solide chaleur animale 

avec ses œufs à gober

la vue sur collines et montagnes 

à travers les planches disjointes

 et la vitre généreuse qui l’éveille à l’aube 

attentif aux langoureux murmures des poules 

qui ont le don de le reglisser dans le jour neuf

il a des dialogues fournis avec les bêtes

qui lui dérouillent la gorge

Demeure 4

les oiseaux désormais l’emportent

 vers des aigus de vertige 

acclamations du printemps

 il savoure son triomphe sur la peur

 s’estime enfin

les fleurs cueillies s’accumulent dans la paille

 pendent en bouquets ficelés 

poumons et mains ne peuvent y suffire 

c’est affairement des paumes des bras

 il devine des yeux de femmes partout

dévore les collines boit les nuées bascule vers le ciel

 peu lui importent les jours et les nuits 

tout est d’égale humeur tiédeur balancée

et il touche l’horizon de sa voix libérée