quand tombent les chatons sans bruit
sur le miroir étale des eaux noires
leur douceur brise l’ombre glacée
autant de fruits perdus pour la lumière
noyés dans les flots délicats du joli lac
Le blog de Raymond Prunier
quand tombent les chatons sans bruit
sur le miroir étale des eaux noires
leur douceur brise l’ombre glacée
autant de fruits perdus pour la lumière
noyés dans les flots délicats du joli lac
la vivacité amusée de son visage
reste ancrée au fond de ma mémoire
son absence me demeure impensable
puisque nos voix toujours dialoguent
ainsi mes relations avec mon fils
tu me dis que le printemps est presque là
j’aime quand ta voix accroche sur presque
et printemps c’est comme un sourire
de consonnes qui balaye dans son souffle
l’hiver tardif et les chants de noël
bouches peaux et corps s’interpénètrent
elle et lui s’adorent sous la foudre de mars
les frontières de l’un s’ouvrent à l’accueil de l’autre
c’est le même jeu de joues chaudes et d’odes à la joie
ces rouges fusions font l’amour et la paix
voies et chemins sont bouchés par le mal
quand allons-nous retrouver la belle allure
lorsque nos semelles ne touchaient plus le sol
oh nos bras nos jambes tes cheveux noués serrés
et ta voix de soprane étouffée sous le masque
tu ne t’approches pas alors comment s’entendre
tu t’approches trop près comment éviter le choc
toujours ma présence tes humeurs vont vers la bousculade
le respect nous préserve de la dévoration réciproque
l’art d’être à l’autre est ce sourire où les dents restent au palais
les tartines de l’aube s’élaborent sous les socs rugueux
la terre tranchée accueille les assauts des pluies bleues
du soleil cru bientôt les épis cèdent sous le vent
ça balance de joie en un rythme ralenti profond
pour finir le pain grillé sous la dent se fait sourire craquant
fragilité du petit mars balbutiant
le froid l’effleure on dirait nous défaits et nus
l’âge approchant les tremblés assaillent les doigts
c’est la saison entre glace tassée et rire libre
où comme les premières corolles nous désarmons les giboulées
saules verts aux feuilles fleurs mes bons amis
vos papillotes de mars annoncent négligemment
– balancement fluide de vos horloges branches –
un temps de vaste santé qui s’ouvre à tous les vents
et souffle la vie au sein des vallons défaits du virus
quand le silence tombe avec le soir
monte le qui suis-je gardien des rêves
avec une agilité de petite brume
le voilà qui fait le fou sous mes cheveux
quant à dire qui je suis c’est un rire qui répond
beaux comme David nous allions à la source
nous laver du jour le lissé des joues
évidence du sourire mon âme tu te rappelles
ce visage soleil les émaux du regard
tout a glissé replis mais le souvenir en est si beau
quand je partis pour le grand voyage
je me chargeai de bagages crâne têtu
bras ferraillant d’illusions féroces
le fil du temps me délia de la broyeuse
et ce jour mon skiff file joyeux vers l’indicible
des oiseaux fourragent le soir dans la gouttière
en plein couvre feu pattes sur le zinc
ils font grincer leurs griffes puis pépiant
palabrent toute la nuit pour préparer notre affaire
et portent à l’aube notre message vers les dieux lointains
l’obscur chemin de la joie souviens t’en
serpenta longtemps aux charmilles jolies
sa gravité sur les cailloux fit grincer nos pas
puis l’avance s’enlisa au fil des décennies
mais où sont nos rires contre l’effroi du temps
papillons fous et robes folles
vont se croiser en foule aux avenues
le frivole va tenir le haut du pavé
et les talons claquer au macadam
au jardin déjà se risquent les crocus