Affairées

acrobates du manège migratoire 

les hirondelles semblent hésiter à rentrer 

j’ai hâte de les revoir 

leur carrousel malicieux  bousculerait nos déveines 

effleurant sol et ciel 

je les vois frotter la terrasse rayer les nues 

dessiner de leurs lacets noirs et blancs

du bout de l’aile

les couleurs neuves de l’an

leurs tourbillons revigorants 

balaieraient à point nommé notre air torpide

lèveraient le couvercle enté sur nos crânes 

quand l’épouvante dénoue tous nos liens 

je songe que leurs affairements de demoiselles 

est le miroir rêvé d’une course réelle

mille semelles claquent aux corridors

les hôpitaux aux gorges éteintes

résonnent des efforts incessants

de nos berceuses de printemps

demoiselles des soins forcément belles

qui étanchent la longue douleur de l’air

devenu scandaleusement irrespirable 

les infirmières viennent aux poumons expirants 

elles ne cessent d’avoir souci du plus élémentaire 

les bouches ouvertes souffrent 

vieux oisillons dépendants

elles seules s’arrangent tranquilles avec le mal

négociant chaque jour mille guérisons