gré

j’aime dit le papillon 

quand ton pas ralentit dans la bruyère

il se fait alors un silence si doux 

que je cesse d’agiter mes ailes

caché je t’observe d’un oeil apaisé

rien n’arrive plus sous ta semelle 

tremblement ralenti tout au plus 

rien à voir avec le début du chemin 

où tu piétinais contre ton destin

ta présence épouse les aspérités 

c’est un chant bouche fermée 

acquiesçant et bellement posé

la peur s’est dissoute

dans l’été de septembre 

  • tes battements me vont dis-je

pour ma part j’aime ton gré

cette liberté où chaque seconde à venir 

claque muette par petits coups

gracieusement géométriques

tu es du présent l’acteur parfait

toujours inattendu constamment fleur 

tu vas voles et reviens indifférent 

et donc joyeux 

ton rire est au coeur du gré

on envie l’immortalité nature 

de tes instants silencieux 

qui semble réjouir tous ceux

que tu touches 

roi Midas des halliers gris

si tu savais

comme les hibiscus ont fleuri

et les deux tournesols

bien plus hauts que moi 

deux yeux vivants 

eux 

qui s’animent dès l’aube

aux premiers souffles du jour

alors que toi 

sans souffle ni jour 

tu erres parmi les ombres

et les petites ruines du souvenir 

parfois tu te dresses triomphante 

je te vois dans ta robe ocre de reine 

achetée trois sous 

noblesse oblige 

comme un défi déjà 

à l’automne approchant 

tandis que nous avancions solennels

épousés incrédules 

au plein des vignes graves

qui n’attendaient que nos mains bleues

pour nous verser 

leur ivresse 

piquette du pauvre 

richesse des rires 

puis il y eut l’été de cette année 

voyage d’hiver

et le vent insalubre

mais cela tu le sais 

1er septembre 2024

 Tout est vrai: les fleurs  bien sûr, mais même la robe ocre qu’elle portait je crois au jour de notre mariage (16.10.1972); nos mains étaient bleues de la vendange de la veille que nous avions faite avec les paysans du voisinage, douce journée rayonnante du Gers.