fragile gris bleu de chez nous
qui s’ouvre azur cru de midi
nous échoit un vent fluide agité
toujours l’ouest agrippe les cheveux
et mes mains rêvent d’arrêter la houle
pour écouter une seconde d’éternité
Le blog de Raymond Prunier
fragile gris bleu de chez nous
qui s’ouvre azur cru de midi
nous échoit un vent fluide agité
toujours l’ouest agrippe les cheveux
et mes mains rêvent d’arrêter la houle
pour écouter une seconde d’éternité
le solstice est le vrai nouvel an
je soupèse les cadeaux du printemps
la lumière s’attarde sur son plus long sourire
fruits et blés sont à deux doigts de donner
je note que le piano des pluies
oublie un temps ses doigtés
à l’aube du déclin nu
dans ce jour sans fin
ma joie capte la main du jour ouverte au plus large
et voici le rouge
teinte maîtresse
couchant fier de son empire
qui ne cesse de s’étendre
mais avant
cerises et coquelicots seront ciel et terre
avant la nuit un récit de couleurs s’inventera
où jaunes et bleus vont se disputer le vert la vie
puis entre le chaud de ma présence
et le froid de la voie lactée
les étoiles vont finir par gagner
plus tard plus loin
c’est la loi de nature
mais le jour éternel planté dans l’année
affirme en ce présent
que j’aurai bien tenu
les rosiers frisquets de l’aube
embués immobiles
chantent à bas bruit
l’arc du jour et ses lents déploiements
les boutons cousus dans la nuit
amorcent l’éclosion
ce florilège savant des roses
qui vont maquiller les lèvres des maisons
au pied des seuils avenants
elles passent la matinée
à se coiffer les pétales sous la brise
et lorsque sonne le vif de midi
les bonjours des tiges frémissent une dernière fois
la rosée aspirée par la lumière n’est plus
l’ombre donne alors le la du repli
forçant les belles à s’ouvrir encore
puis la brise de l’après-midi
se joue des coupoles de couleur
la vigueur ne sert plus
qu’à déflorer plus vite
tapis de grâces frêles
un velours rouge recouvre les plates bandes
des volets claquent quelque part
je crois qu’au crépuscule les rosiers saignent
il est tard
on frôle minuit
demain tôt le jour refleurira
ainsi vivent les rosiers
aux alentours du solstice
tous ces mouvements
qui du fond du nid
le plus celé des lieux
le plus obscur
à peine audible
jusqu’à l’immensité des nues
bleues blanches
où grondent orages et rafales
où s’assemblent les ouragans
tous ces mouvements sont
à l’oiseau le quotidien
il n’a cure des pluies
il sait le soleil il sait la flaque
où l’on se console des combats
il se mire les plumes graves
replie sa présence au plus froid
puis bondit sur les éclairs d’été
sait-il où il va
gré du vent gré du chant
océan ou septentrion
et la vague qui l’appelle
et le vent qui le brise
rien ne m’importe davantage
que ce sort du passereau
perdu dans l’univers
et qui
à tout prendre
en sait autant que moi
dès l’aube dit l’oiseau à l’azur
je serre un galet en remontant vers toi
au plus cru de ton bleu
et je relâche la pierre pour mesurer l’espace
où mon chant va porter les échos de ta joie